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CYCLE D'ENTRAÎNEMENT À
LA PLEINE CONSCIENCE

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La pleine conscience

“On ne peut arrêter les vagues, mais on peut apprendre à surfer”

-- Jon Kabat-Zinn

La pleine conscience se définit comme un état de conscience qui résulte du fait de porter son attention intentionnellement, au moment présent, et sans jugement, sur l’expérience qui se déploie moment après moment

Avec simplicité, elle modifie radicalement notre raport au monde et à nous-même.

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9 dimanches

du 22/10 au 17/12/2023

de 15h à 17h30

(sauf 03/12, de 10h à 16h)

Nouveau cycle !

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En pratique

9 dimanches d'affilée, du 22/10 au 17/12/2023

de 15h à 17h30, sauf le dimanche 03/12, journée intensive de 10h à 16h

Accompagné par Nicolas Di Giacomo,

pratiquant quotidien depuis 2011 et enseignant certifié ulb

Lieu: 1348 Louvain la neuve.

Possibilité de suivre le programme online entièrement ou ponctuellement en cas d'absence

Matériel: Venez avec des vêtements confortables

et si vous souhaitez vous offrir du confort, emmenez aussi votre plaid, un tapis de yoga et un zafu

Inscription: un entretien téléphonique ou une rencontre d'une dizaine de minutes permettra de clarifier ce que le programme peut vous apporter ou non, et de vous inscrire le cas échéant

Prix: 340eur

Partenamut rembourse 100eur pour la particpation à un cycle (màj septembre 2023)

Il est possible de définir un tarif social ou d'étaler le paiement. Veuillez m'en parler avec simplicité :)

Je me réjouis de partager avec vous !

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Cycle mbsr en groupe

Le programme mbsr (Mindfulness-Based-Stress-Reduction / Réduction du Stress Basée sur la Pleine Conscience) se déroule sous forme de cycle de 8 semaines et en groupe. Il vise à développer la capacité à aborder la douleur sous ses différentes formes, à répondre aux situations stressantes plus habillement et à récupérer plus rapidement des situations déstabilisantes.

Le programme se compose de 8 séances collectives hebdomadaires de 2h30 et d’une journée de pratique intensive.

Il offre un cadre permettant l’apprentissage et une intégration progressive de la Pleine Conscience dans le quotidien à travers des pratiques de méditation, des mouvements de yoga et des partages.

Il est demandé d’assister à toutes les séances afin de profiter du processus évolutif et du soutien du groupe.

Et de consacrer entre chaque séance entre 30 et 45 minutes par jour à l'entraînement personnel. Des enregistrements audio et un manuel sont fournis en soutien à la pratique personnelle.

 

Par la mise en place d’une pratique régulière dans la vie quotidienne, les participants développent leur autonomie et leur capacité à prendre soin d’eux, à trouver un meilleur équilibre et une meilleure qualité de vie.

Bénéfices
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De nombreuses études scientifiques démontrent les effets positifs de l'entraînement à la pleine conscience, tant au niveau physique que psychologique, et dans une grande variété de domaines (voir notamment les méta-analyses de Baer, 2003 et Grossman & al., 2004 ; ou les revues de Heeren et Philippot, 2010, et Davis et Hayes, 2011).

Sa pratique de la pleine conscience constitue un entraînement du cœur-esprit, vers une relation plus libre et bienveillante avec l’expérience vécue. De là se déploie une relation plus amicale avec soi-même, et d’autres réponses s’ouvrent à ce qu’il nous est donné de vivre.

La pleine conscience a notamment montré son son apport pour :

  • diminuer le stress (dont le stress post-traumatique)

  • apaiser les troubles anxieux

  • soigner la dépression

  • diminuer les insomnie et troubles du sommeil

  • apaiser les troubles des conduites alimentaires

  • apaiser la détresse et les symptômes de douleurs chroniques

  • gérer l’impulsivité

  • faire face aux dépendances

  • améliorer bien-être général

  • améliorer les relations interpersonnelles

  • la prévention du burn-out

  • apaiser certains troubles psychosomatiques

  • soigner certaines maladies physiques

  • diminuer la rumination mentale

  • apaiser détresse face à la mort

  • diminuer le sentiment de solitude

  • développer un sentiment d'efficacité personnelle

  • améliorer la capacité de focaliser et maintenir l'attention

  • augmenter la capacité à récupérer des souvenirs autobiographiques spécifiques

  • améliorer la gestion de soi

  • augmenter la compassion pour soi

  • et même diminuer les marqueurs de vieillissement au niveau des télomères

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Contre indications

La méditation est bénéfique pour tout le monde.

Cependant, il est probable que, dans les situations suivantes, suivre le programme soit difficile et frustrant. Il est alors conseillé de reporter la participation à une phase de vie plus stable. N'hésitez pas à en parler pour envisager ensemble l'intérêt de participer.

  • Dépression en phase aiguë

  • « Maniaco-dépression » non stabilisée

  • Troubles de l’attention de forte intensité

  • Séquelles psychologiques d’abus physiques, émotionnels ou sexuels

  • Dissociations

  • Attaques de panique récurrentes

  • Troubles psychotiques (hallucinations, délires)

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Témoignages
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Pleine conscience (mbsr)
Voir
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Comment la pleine conscience à changé ma vie :)
et pourquoi il m'est essentiel de l'enseigner !
 
La pleine conscience semble résider dans le fait d'arrêter de "faire" des choses et de se rendre simplement présent. Et pourtant, j'avais envie d'explorer et de partager ici comment cette simple présence avait transformé l'homme "machine" que j'étais en l'homme de cœur que je suis devenu.

1 - Un chemin d'éveil

"Chaque être humain est une partie d'un tout que nous appelons Univers. Une partie limitée dans le temps et l'espace. Il s'expérimente lui-même, ses pensées et ses émotions comme quelque chose qui est séparé du reste, une sorte d'illusion d'optique de la conscience. "

Présence


Cette histoire a commencé au cours de l'année 2010, quand j'ai entendu mes collègues parler de "pleine conscience". "Quoi ? simplement faire attention ?" ...un peu obscur comme approche, ou un peu trop simpliste. Alors, parce que je suis curieux, et que cela pouvait apparemment enrichir mon travail, j'ai décidé de m'inscrire à un programme d’entraînement à la pleine conscience commençant en janvier 2011. Il s'agissait du programme MBCT ; thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression.

Quelle découverte ! Ce fut effectivement tellement simple... et tellement riche en même temps. Comme le disait une amie, "j'ai découvert tout l'univers en moi...".

C'est d'abord la distanciation cognitive qui m'a marqué ; j'ai ressenti une grande libération dans cette possibilité d'observer mon esprit en fonctionnement. C'était un peu comme de passer d'un état de héros de bande dessinée en lutte avec sa condition, à l'état de lecteur curieux et savourant l'histoire. Plus besoin de porter le fardeau des pensées, et de toutes leurs conséquences !

Ensuite, c'est la conscience du corps, plus intense, qui m'a marquée. Comme si mon corps prenait petit à petit plus de densité. Comme s'il avait été un peu flou jusqu'ici et devenait maintenant de plus en plus net. Avec le corps, mes sens se sont aussi éclaircis ; ils sont devenus plus pénétrants.

Enfin, je me suis senti de plus en plus présent à ma vie, à mes émotions, à mes activités ; de plus en plus présent aux autres. J'avais souvent pensé qu'il était important de savourer la vie, mais avec la pratique de la pleine conscience, j'en avais découvert le chemin. C'est comme si une évidence s'imposait à moi : être présent à ma vie est ce qu'il y a de plus important ; en même temps tellement simple et tellement compliqué.

Aujourd'hui, avec le recul, je me rends compte qu'il manquait un petit quelque chose. En effet, dans les premiers mois, mes pratiques étaient finalement assez "froides" et restaient très formelles ; comme un "exercice" de concentration. Or, ce c'est plus du tout comme cela que j'envisage la pleine conscience aujourd'hui. C'est pourtant de cette manière qu'elle est généralement présentée au grand public, comme nous allons allons notamment voir dans les définitions "classiques" de la pleine conscience.

Pleine conscience ?

Dans une des définitions les plus largement répandues, Kabat-Zinn (2003) propose d'envisager la pleine conscience comme un "état de conscience qui résulte du fait de porter son attention intentionnellement, au moment présent, sans jugement, sur l’expérience qui se déploie moment après moment" (p.145, traduction personnelle).

De même, lisant Goldberg & al. (2014, citant Kabat-Zinn, 1994), nous pouvons retrouver une définition qui, reprise telle quelle, envisage la pleine conscience comme une "habileté cognitive qui implique de porter intentionnellement attention au présent de manière intentionnelle, avec non-jugement et acceptation" (p.491, traduction personnelle).

Bien que ce terme ait aussi été utilisé pour définir les pratiques qui favorisent la pleine conscience, il semble plus clair d’appeler ces pratiques "méditations", "pratiques de la pleine conscience" ou "exercices de pleine conscience".

Ce terme a enfin été utilisé pour définir un trait de caractère, qui serait mesurable par des questionnaires (Davis et Hayes, 2011), comme le FFMQ (Baer & al., 2006), le Freiburg Mindfulness Inventory (Walach & al., 2006) ou encore le CAMS-R (Feldman & al., 2007).

Si nous nous arrêtions à cela, la pleine conscience pourrait donc rester quelque chose un simple "exercice" de concentration. Selon ces définitions, nous pourrions même pousser l'expérience de pensée jusqu'à imaginer faire pratiquer la pleine conscience par un ordinateur n'ayant aucune chaleur humaine.

Pourtant, tout était déjà là, mais je ne le voyais pas...

Par exemple, dans les pratiques guidées, les mots "curiosité", "ouverture" ou encore "acceptation" de l'expérience sont utilisés. Mais ils étaient vides pour moi qui faisais partie d'un public non-averti, et ils disparaissaient assez vite de ma conscience. "Être curieux" me semblait un peu naïf et banal, de la même manière que les mots "prendre conscience" avaient été vides jusqu'à ma première pratique du scan corporel.

Cela, je peux le dire aujourd'hui parce que j'ai goûté à plus de douceur dans la pratique et dans la vie. Mais à l'époque, je n'avais aucune conscience de mon manque de "chaleur" intérieure. Je ne pouvais pas voir le manque car je ne savais pas ce qu'était l'abondance. Il paraît que c'est ce qui arrive à un néophyte qui écouterait un morceau de musique complexe ou qui goûterait un bon vin : il n'en perçoit simplement pas toute la richesse.

Jaillissement du sentiment de "reliance", puis expérimentation de la "fermeture"

Après quelques mois, au cours d'une pratique, j'ai soudainement découvert une sensation de "reliance" ; la sensation intime d'être lié et de faire partie de la grande toile de la vie. Au travers de cette sensation de "reliance", j'ai ressenti et instantanément compris que chaque chose était à sa place. En même temps, un grand sentiment d'amour rayonnait de cette révélation et reliait toutes les choses.

Étant issu d'une culture très rationnelle, peu ouverte à la dimension spirituelle, cette sensation fut vraiment troublante pour moi. Même si je savais rationnellement que nous sommes tous faits de la même matière, en prendre pleinement conscience, le sentir en moi, fut une expérience très différente... et nourrissante. C'est comme si jusqu'à maintenant, sans m'en rendre compte, j'avais évité les questions existentielles, que je peux maintenant accueillir au même titre que mes autres souffrances. Je sens que cette ouverture me permet d'être plus complet, et d'élargir ma vision de la vie et des humains.

Nous verrons plus loin que cette dimension rejoint une des trois dimensions de l'auto-compassion, telles que définies par Neff (2003) : le sentiment d'humanité commune. Cela rejoint aussi un des enseignements bouddhisme et, finalement, de la plupart des courant religieux et spirituels.

De manière paradoxale et de manière logique (si nous admettons la vie comme un perpétuel mouvement d'équilibre entre des forces contraires), c'est en ressentant l'ouverture qu'offre la pleine conscience que j'ai commencé à pratiquer de la manière la plus dure, la plus rigide. En effet, suite à ce moment de "reliance", j'ai subtilement commencé à m'imposer de pratiquer, comme si la pleine conscience allait "changer ma vie". Ce fut une grande période de tension, au cours de laquelle je me suis retrouvé à pratiquer "froidement" beaucoup d'exercices dans l'objectif d'arriver à un "résultat".

Il m'aura fallu quelques mois pour que je perçoive cette attente et pour sentir à quel point la suivre me menait bien loin de l'ouverture que je désirais. Et ce fût tout un travail pour essayer de la lâcher !

Durant un ou deux mois, j'ai totalement lâché les pratiques de pleine conscience, car elles étaient imprégnées de mes attentes et provoquaient alors en moi fermeture et rigidité. Cela me permit d'accepter que je pourrais aussi lâcher le rêve qui m'était venu de devenir un être "éveillé". J'ai alors attendu de sentir que je pourrais, aussi, vivre sans la pleine conscience.

Cela me permit d'y revenir avec une attitude plus équilibrée. Et c'est ainsi que, petit à petit, j'ai recommencé à pratiquer, mais en étant cette fois attentif aux "trop" et aux "trop peu" ; un peu à la manière d'un skieur qui doit se jeter dans la pente tout en gardant la retenue qui lui permet de ne pas y tomber.

Ce n'est que bien plus tard que j'ai découvert au travers du manuel de Bowen & al. (2011) que je n'étais pas le seul à faire face à ce type de difficultés. En effet, s'inspirant des enseignements bouddhistes traditionnels, ces auteurs présentent cinq défis rencontrés généralement sur le chemin de la pleine conscience : l'aversion, l'attachement ou le désir, l'impatience ou l'agitation, la paresse ou la somnolence, et enfin le doute. Il s'agissait ici de l'"attachement" qui, en amenant une focalisation sur quelque chose, entraîne une certaine "fermeture" et un appauvrissement du vécu. Depuis, j'ai déjà rencontré quelques-autres de ces défis !

Curiosité, ouverture et acceptation...

En élargissant les définitions que nous avons vues, on retrouve souvent dans la littérature trois processus qui seraient à l’œuvre dans la pleine conscience (repris notamment par Bishop & al., 2004). Premièrement, nous avons déjà évoqué l’autorégulation de l’attention, qui développe une qualité de conscience liée à l'expérience directe du moment présent. Deuxièmement, nous avons aussi évoqué insight particulier ; une prise de conscience de la nature de l'esprit et une décentration par rapport aux pensées. On parle aussi dans ce cas de distanciation cognitive, qui amènerait à percevoir les pensées comme subjectives et impermanentes. Troisièmement, on retrouverait enfin une relation à l'expérience caractérisée par la curiosité, l’ouverture et l’acceptation.

Cette dernière dimension, elle, n'avait pas encore été évoquée dans les définitions "classiques". Pourtant, comme nous l'avons déjà mentionné, ces mots sont parfois utilisés dans les pratiques guidées, notamment. L'autorégulation de l'attention m'était déjà familière et les "insight" émergeaient de temps à autres, mais cette relation particulière à l'expérience fût une nouvelle aventure.

En effet, puisque savourais de plus en plus les moments (jugés comme) bons, j'étais aussi de plus en plus présent à ceux (jugés comme) désagréables... Et à nouveau, de manière paradoxale (ou logique), c'est l'ouverture aux aux douleurs de l'attachement et de l'aversion, tout autant qu'au reste de l'expérience, qui m'a permis de mettre plus de douceur dans ma vie. Et c'est en revenant à la pleine conscience avec douceur que j'ai commencé à goûter petit à petit ce que pourraient signifier curiosité, ouverture et acceptation.

S'exercer à accepter de ne pas forcer les choses est un exercice quotidien : accepter le passé, accepter que mes idéaux restent seulement des idéaux, accepter d'être à ma place à cet instant, accepter d'être imparfait, accepter les émotions ou pensées qui émergent en moi, accepter que les autres soient tels en ce moment, etc. Mais ce que j'avais surtout appris avec cette période, c'est que je pouvais emplir cet exercice quotidien de douceur, de curiosité et d'ouverture.

2 - L'ouverture du cœur

"Alors que de nombreux thérapeutes peuvent admettre en privé que l'amour joue un certain rôle dans le processus de guérison, le mot « amour » est curieusement absent de la plus grande partie de la littérature thérapeutique. La même chose est vraie pour le mot « cœur ». Non seulement ce terme fait défaut {...}, mais le ton même de cette littérature manque également de cœur."
-- Welwood (2003, p.218)

Bienveillance et tendresse

Jusqu'à ce moment ci de l'histoire, je n'ai pas même le souvenir d'avoir lu ou entendu les mots bienveillance, compassion ou d'autres encore qui pourraient se référer à une dimension d'ouverture du cœur. Mais comme je l'ai déjà mentionné, peut-être étaient-ils tellement vides pour moi qu'ils n'avaient pas laissé de traces ?

En réexaminant aujourd'hui quelques documents en ma possession, je retrouve cependant très peu de mots tournant autour de l'ouverture du cœur, ce qui vient confirmer mon vécu. Ce n'est pas l'objet de ce travail, mais il pourrait être intéressant d'examiner la littérature à propos de la pleine conscience pour y relever ou non l'utilisation de termes liés au "cœur".

Et pourtant, tout au long de ce cheminement, quelles que soient les désirs, les rejets, les ignorances ou les ouvertures, la vie me donnait encore et encore l'occasion d'être présent. Ainsi, au fur et à mesure des semaines et des pratiques, je me suis senti plus serein, plus confiant, plus heureux parfois et plus malheureux parfois, plus flexible et réactif vis-à-vis des événements... tout simplement plus vivant.

Être, simplement

Être présent

Être présent et porter attention... c'est déjà une manière de prendre soin. Et le fait prendre soin a développé en moi la bienveillance. Tout comme le fait de jouer d'un instrument développe nos qualités de musicien qu'on le veuille ou non. J'ai trouvé, petit à petit, beaucoup de soulagement et de plaisir dans la simplicité de ce cheminement. Étant souvent fort exigeant, j'ai appris à lâcher les pensées de type ruminatoire : les "il faut", les "j'aurais dû", etc. J'accepte petit à petit plus facilement tout ce que je juge comme "mes erreurs" ; j'accepte mieux d'être inconscient, d'être fragile, d'être fainéant, d'être en colère, et même de me culpabiliser ou de ruminer parfois... Certains parlent de "développer un espace intérieur" pour accueillir toutes les parties de soi. C'est donc un chemin de bienveillance vis-à-vis de moi-même qui est apparu sous mes pas.

Il ne suffisait donc pas de "faire des exercices" comme je l'avais expérimenté dans les premiers mois. Il s'agissait aussi d'expérimenter une qualité de présence particulière dans ces moments de pratique !

Derrière les apparences de la pleine conscience

Et pourtant, j'avais l'impression que le monde universitaire et professionnel que je connaissais n'abordaient pas cette dimension d'ouverture du cœur. Aujourd'hui encore, il me semble que la manière dont la pleine conscience est diffusée dans le grand public laisse dans l'ombre cette dimension d'ouverture du cœur (tout comme la dimension de reliance, d'ailleurs). Est-ce le fait d'avoir amené la pleine conscience dans le champ de sciences "empiriquement validées" et d'avoir voulu l'ouvrir à un public laïc qui aurait nécessité de garder ces dimensions dans l'ombre ?

C'est donc avec un grand plaisir que j'ai reçu l'article de Goldberg & al. (2014, se basant sur les travaux de Del Re & al., 2013). Les auteurs y montrent que la qualité de la pratique serait plus bénéfique que le temps consacré à celle-ci, ce qui semblait venir confirmer le chemin que j'avais parcouru. Malheureusement cependant, en lisant le texte je m'aperçus qu'il n'était toujours pas question ici d'une pratique plus "chaleureuse" ou bienveillante. En effet, la qualité de pratique dont il était question ici utilisait le Practice Quality-Mindfulness (PQ-M, Del Re & al., 2013), qui investigue deux dimensions dont nous avons déjà parlé : la persévérance et l'ouverture à l'expérience.

Si cette dimension d'ouverture du cœur se retrouve dans l'ombre dans les présentations qui sont faites de la pleine conscience au grand public, il semble qu'elle soit tout de même transmise aux "initiés".

Notamment, Kabat-Zinn (2003, p.145) a pris le temps de recontextualiser la pleine conscience, et il affirme que le monde de la recherche scientifique a fini par perdre le sens et la richesse de la pleine conscience à force de vouloir la découper et l'opérationnaliser pour mieux l'étudier. Bien qu'ayant déjà lu cet article par le passé, c'est en me replongeant dedans aujourd'hui que j'ai vraiment pu saisir toute l'importance de ce qu'il véhiculait. C'est dans cet article que je retrouve enfin l'ouverture du cœur que j'avais expérimentée dans la pratique de la pleine conscience. Kabat-Zinn y mentionne que dans les langues asiatiques, esprit et cœur se confondent dans le même mot, et que "« pleine conscience » implique aussi de la tendresse et de la compassion au sein de la présence, une ouverture du cœur, une présence amicale et curieuse" (p.145, traduction personnelle).

Par contraste avec ce qui est présenté au grand public, cette dimension se retrouve très clairement développée dans les livres qui approfondissent la pleine conscience. Par exemple, dans "méditer, 108 leçons de pleine conscience", Kabat-Zinn mentionne à nouveau que pleine conscience pourrait aussi bien se nommer "plein cœur", et qu'il s'agit selon lui "ni plus ni moins d'un acte d'amour radical, un acte d'égard pour vous-même et de respect pour votre sagesse intérieure et votre capacité de guérison profonde" (2010, pp.141&142). De même, dans "Seeking the heart of wisdom, the path of insight meditation", Kornfield et Goldstein, (1987/2001) expriment que "vivre en pleine conscience, c'est vivre d'une manière bienveillante et avec une sincérité qui viendrait du fond du cœur" (p.77, traduction personnelle) .

Cette dimension se retrouve aussi dans les pratiques et enseignements plus approfondis. Je me souviens très clairement du moment ou cela m'apparut lors des enseignements du certificat d’université à la pleine conscience de l'ULB. Edel Maex nous accompagnait dans des méditation silencieuses, puis nous discutions de nos expériences et il répondait à certaines questions. A un moment donné, il s'étonna : "Mais, si vous ne développez pas de la bienveillance par rapport à vous-même et votre expérience, qu'est-ce que vous faites alors quand vous être assis sur votre coussin ?". La sincérité et l'innocence de sa question me fit comprendre à quel point je passais à coté de l'essentiel. Pour accompagner son étonnement, il nous dit aussi que selon lui le mot "mindfulness" est compris de manière trop étroite, et que pour sa part il aurait plutôt utilisé le terme "heartfulness".

Compassion

Laisser se développer la bienveillance vis-à-vis de moi-même m'a mené à plus de bienveillance vis-à-vis des autres également. Et avec cette bienveillance, j'ai aussi senti se développer petit à petit plus de compassion, sans nécessairement le nommer ou m'y arrêter particulièrement. Goetz & al. (2010) définissent la compassion comme un sentiment qui apparaît quand nous sommes témoin de la souffrance d'autrui et qui motive le désir d'aider cette personne (p.351, traduction personnelle).

3 - Auto-compassion

"Être capable de nous ouvrir également à notre « cœur brisé » a une saveur aigre-douce. La réalité ne correspond pratiquement jamais à nos espoirs fous – c'est le côté aigre. La douceur vient du fait que, quand la réalité nous brise le cœur, nous découvrons une douce tendresse à l'état pur vis-à-vis de nous-mêmes et de la beauté fragile de la vie dans son ensemble."
-- Welwood (2003, p.198)

Quelques années après la découverte de la pleine conscience, la découverte du concept et du domaine de l'auto-compassion aura été une nouvelle révolution pour moi. Le fait que ce concept soit nommé, défini et puisses être "pratiqué" de manière consciente et formelle était absolument nouveau pour moi. Cela a concrétisé l'auto-compassion dans "ma" réalité, m'a permis de la percevoir et d'accéder à cette expérience.

C'est en 2003 que Kristin Neff importe le concept d'auto-compassion des traditions bouddhistes vers la psychologie expérimentale. A la suite des définitions de la compassion, elle propose de définir l'auto-compassion comme "le fait d'être touché par et ouvert à notre propre souffrance, ne pas l'éviter ou s'en distancier, ressentir le désir d'apaiser cette souffrance et prendre soin de soi avec bienveillance" (2003, p.87).

La définition opérationnelle de l'auto-compassion reprend trois dimensions (Neff, 2003) :
(a) La gentillesse envers soi, c'est-à-dire montrer bienveillance et compréhension envers nous-même plutôt que de la sévérité et de l'auto-critique ; (b) un sentiment d'humanité commune, c'est-à-dire voir nos expériences comme inéluctablement partagées un jour ou l'autre par tous les humains, et faisant partie de la condition humaine, plutôt que de se sentir seul et isolé ; (c) la pleine conscience, considérée ici comme le fait d'embrasser nos pensées et émotions douloureuses avec une conscience équilibrée plutôt que de s'identifier à elles. Neff (2003) ajoute que ces dimensions sont bien conceptuellement distinctes, et peuvent êtres expérimentées distinctement au niveau du vécu, mais elles interagissent en s'engendrant et se renforçant mutuellement.

Rapports entre pleine conscience et auto-compassion

Dans ce cadre, Neff et Germer (2013) insistent sur le fait que la dimension de pleine conscience n'est qu'un aspect limité de la pleine conscience dont nous avons déjà parlé. En effet, il s'agit ici d'avoir une conscience équilibrée des pensées et émotions négatives impliquées dans notre propre souffrance, plutôt qu'une conscience ouverte et accueillant toute les expériences. Il s'agit aussi ici d'accueillir plus particulièrement la personne qui vit toutes ces expériences, plutôt que d'accueillir tout ce qui se présente. L'auto-compassion serait donc un concept plus spécifique et délimité que la pleine conscience.

Plusieurs études ont maintenant examiné les rapports entre pleine conscience et auto-compassion (pour une revue, voir notamment Neff et Germer, 2013), et semblent montrer que ces deux concepts reflètent bien deux phénomènes distincts, bien que fortement liés. Il semblerait aussi que la pleine conscience soit une condition et une composante nécessaire à l'auto-compassion et que l'entraînement à la pleine conscience augmente l'auto-compassion dans une certaine mesure. Mais le plus intéressant est que les analyses statistiques ont montré que l'auto-compassion était un médiateur de l'impact des programmes d'entraînement à la pleine conscience (MBSR (Kabat-Zinn, 1990) et MBCT (Segal & al., 2006)) sur le bien-être et les symptômes des participants. Neff et Germer (2013) postulent donc que l'auto-compassion serait un des mécanismes par lesquels la pleine conscience augmente le bien-être.

Les programmes d'entraînement à la pleine conscience ne ciblant pas directement l'auto-compassion, Neff et Germer (2013) ont développé un programme visant spécifiquement le développement de l'auto-compassion : le Mindful Self-Compassion (MSC). Plusieurs résultats intéressants ressortent de l'application de ce programme, qui semblent montrer l'intérêt de cibler spécifiquement l'auto-compassion, et indiquer la complémentarité de ce programme avec ceux qui visent plus particulièrement le développement de la pleine conscience.

Premièrement, ce programme augmente plus l'auto-compassion que ne le font les programmes dédiés à la pleine conscience, alors que les programmes dédiés à la pleine conscience augmentent plus la pleine conscience que ne le fait ce programme dédié à l'auto-compassion. Ensuite, les analyses statistiques montrent que l'auto-compassion prédit le bien-être, même lorsque la variance expliquée par la pleine conscience est contrôlée. Et enfin, les participants au programme ciblant l'auto-compassion étaient déjà des pratiquants aguerris de la pleine conscience et ont pourtant goûté aux bénéfices de ce programme.

Tout cela me fait penser que de nommer, mettre en lumière et formaliser spécifiquement la question de l'auto-compassion peut apporter un plus par rapport à la pratique plus globale que serait la pleine conscience. Et, bien que la pleine conscience finisse par développer l'auto-compassion, peut être est-il intéressant de prendre un moment pour la développer plus particulièrement ? Une image traditionnelle compare d'ailleurs la pleine conscience et la compassion aux deux ailes d'un grand oiseau qui seraient toutes deux nécessaire dans un juste équilibre pour s'envoler.

En guise de conclusion

"The wound is the place where the Light enters you.”
-- Aphorisme prêté à Jalal al-Din Rumi
 

Si au départ j'étais clairement un homme rationnel, ces quelques années de pratique m'auront amené à intégrer en moi cette nouvelle dimension d'ouverture du cœur. Au cours de ce travail, nous sommes repassés par toute une série d'étapes, ouvertures et fermetures, qui ont fait de moi un homme un peu plus complet : l'éveil de la conscience, la forme et son manque de chaleur, la reliance, la fermeture et l'attachement, la curiosité, l'ouverture, l'acceptation, bienveillance, tendresse, la mindfulness : union de l'esprit et du cœur, la compassion, et enfin l'auto-compassion. Cette dernière m'ouvrait très clairement un chemin et une manière d'aider mon cœur à s'ouvrir, et je m'en réjouissais.

À l'automne 2015, j'ai eu alors l'occasion de participer à une retraite de méditation en silence. Les premiers jours furent agités, mais à partir du 4e jour, les choses s’apaisèrent en moi. A partir de là, j'ai trouvé dans la méditation une paix qu'il me semble n'avoir encore jamais connue jusque-là. C'est une toute autre qualité d'énergie que j'ai ressentie en moi ces jours-là. Comme si, pour la première fois, je n'étais pas en train de "faire" et "forcer" quelque chose ; je goûtais de plus en plus profondément ce que signifiait "être", tout simplement. Et en étant tout simplement assis là, il m'arrivait notamment de ressentir plein d'amour.

Voilà qu'après tout ce chemin, après m'être tant réjoui d'avoir trouvé une manière d'aider mon cœur à s'ouvrir, la pleine conscience me montrait à nouveau que tout est déjà là ! J'étais déjà sur le chemin ! Et c'est comme si après toutes ces pérégrinations, ce même chemin me paraissait plus clair.

Il y aurait de l'amour au cœur de la pleine conscience ?

Comment cela se fait-il ? Ce pourrait être la question d'un prochain travail, mais je ne résiste pas à l'envie de partager une réflexion : Welwood (2003) rappelle que l'esprit humain passe sont temps à projeter des attentes sur le monde, et que notre cœur est ainsi continuellement brisé car la réalité y correspond très rarement. Accueillir cette souffrance serait le début d'un sentiment de compassion envers les autres et nous-mêmes. Le fait de s'asseoir et de développer une simple présence, ouverte et accueillante à l'égard de tout ce qui est permettrait de sortir des jugements de l'ego et de vivre une expérience directe du cœur qui rencontre et se laisse en même temps toucher. C'est probablement ce qui a fait dire à Kabat-Zinn (2010) qu'il s'agit là d'un acte d'amour radical...

Nicolas Di Giacomo, 2016

Références

Baer, R. A., Smith, G. T., Hopkins, J., Krietemeyer, J., & Toney, L. (2006). Using self-report assessment methods to explore facets of mindfulness. Assessment, 13(1), 27-45.

Bishop, S.R., Lau, M., Shapiro, S., Carlson, L., Anderson, N. D., Carmody, J., Segal, Z. V., Abbey, S., Speca, M., Velting, D., & Devins, G. (2004). Mindfulness : A Proposed Operational Definition. Clin Psychol Sci Prac, 11, 230–241.

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